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Les enfants tiennent souvent pour cruciales des anecdotes qui sembleraient triviales aux adultes. L’idée est ici de magnifier ces historiettes en les dramatisant, ou au contraire en désamorçant leur charge émotionnelle pour les tirer du côté de la dérision. Les élèves des écoles George Sand (Sailly-sur-la-Lys) et Jeanne d’Arc (Laventie) m’ont raconté de petites tranches de vie qui m’ont inspiré ces chansonnettes en forme de comptines décalées.
Un jour que j’étais à l’école
je me suis agrafé le doigt
j’aurais pu mettre de la colle
mais ça tient bien mieux comme ça !
Mon frère est un psychopathe
Il a la passion des bêtes
Il m’a posé sur la tête
Une araignée à huit pattes
Qui fait son nid dans mes couettes
C’est une nuit de novembre
il fait froid pour la saison
Je suis seule dans ma chambre
pas un bruit dans la maison
Au premier nos parents dorment
Tout est silence et noirceur
Je vois s’agiter des formes
Et je réveille ma sœur
À la clarté des étoiles
Je reconnais l’araignée
Elle a tissé une toile
Me voilà paralysée
Ma voisine a un chien noir
Voulez-vous le voir ?
Ma voisine a un chien noir
Voulez-vous le voir ?
Il retrousse ses babines
Le chien noir de ma voisine
Et découvre des canines
Comme des rasoirs
Les copains quelquefois
Ne sont pas des copains
Ils vous tapent sur les doigts
Vous donnent des coups de poing
Merci bien, merci !
Je préfère les amis
Mon frère est un fantôme
Il m’a volé mes draps
La nuit est son royaume
Et moi je meurs de froid
Les voitures roulent, les avions s’crashent
Le vin ça saoule et ça tache
Les trains circulent, les bombes explosent
Tous les bidules font des choses
Du brise-jet au capuchon
Du pistolet au tire-bouchon
Du tabouret au ch’val d’arçons
Tous les objets devraient remplir une fonction
Mais certains objets ne le font pas
Ils ne remplissent pas le contrat
Les imprimantes qui n’impriment pas
Ça me déprime ça me déprime
Les imprimantes qui n’impriment pas
Ça me déprime ça me déprime
Les imprimantes sont déprimantes
Ah vraiment je déteste ça
Les imprimantes sont déprimantes
Ah vraiment je déteste ça
Mais quel est donc ce squelette
Armé d’une clef à molette ?
C’est mon père, c’est mon père
Qui répare sa mobylette
Il l’avait prise dans ses mains
Mais l’a laissée tomber par terre
Il n’en reste plus rien
Qu’une sourde colère
Il a beau dire qu’il le regrette
Et qu’il ne l’a pas fait exprès
Mon père a cassé ma tablette
Et je suis énervé
Il l’avait prise dans ses mains
Mais l’a laissée tomber par terre
Je voudrais être orphelin
de père
Chez moi c’est assez pénible
Ma sœur fait du taekwondo
Et moi j’arrondis le dos
Quand elle me prend pour cible
Ma sœur est presque invincible
Faut dire que c’est une ado
Chez moi c’est assez pénible
Ma sœur fait du taekwondo
Elle a ce regard horrible
Et ce souffle de taureau
En gonflant ses pectoraux
Je voudrais être invisible
Chez moi c’est assez pénible
La tondeuse a dérapé
Et mon père est chauve
Le chien ne s’y est pas trompé
Il a le regard d’un fauve
Et moi je me sauve
Pour aller pleurer
La tondeuse a dérapé
Mon père est défiguré