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Vie et mœurs zibalbes - Ministère de la Fiction Publique Territoriale ]

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Anaëlle, Élizabeth et Ninon, du centre de recherches politiques du CMJ de Bailleul, se sont livrées à des observations passionnantes sur la vie quotidienne à Zibalbul.

Les poissons voyageurs

La circulation des informations est assurée par des poissons voyageurs. Ces poissons appartiennent à la même espèce mais à des variétés différentes. il est aisé de les repérer pour savoir à quelle île – voire à quelle famille – ils appartiennent. En effet, chaque famille dispose de son poisson, qui retourne toujours à l’endroit où il est né. Le corollaire est qu’une famille donnée ne peut avoir qu’un seul poisson en circulation à la fois, ce qui pose parfois des problèmes de communication. Ils sont munis de petites sacoches dans lesquelles on place les messages, chaque message étant identifié par le nom de l’île à laquelle il est destiné. Les poissons font le tour de plusieurs îles, avant de revenir à leur point de départ. Sur chaque île une sorte de facteur local ouvre les sacoches et relève le courrier.
Le nom de carpe postale a été proposé, mais ces poissons voyageurs sont des salmonidés. Reste donc à leur trouver un nom sympathique.

Le calendrier

La semaine zibalbe comporte 9 jours, dont 5 sont travaillés et 4 chômés :

  • Pludi
  • Mardi
  • Neptudi
  • Mercredi
  • Jeudi
  • Urdi
  • Vendredi
  • Samedi
  • Soldi

En outre, toutes les trois semaines, on ajoute un jour nommé lundi pour se mettre en conformité avec le calendrier lunaire de 28 jours.

Le culte du papillon sacré

Les papillons sont à ce point sacrés que dès qu’il en voit un, le Zibalbe s’immobilise en signe de respect. Une partie des récoltes est donnée en offrande aux papillons. On espère ainsi qu’ils préserveront les îles de leur nuées dévastatrices.

Le tatouage à Zibalbul

Dès l’âge de 10 ans, chaque enfant doit se faire tatouer le poignet gauche, et peut choisir entre le signe du père ou le signe de la mère. En effet, les jeunes qui se marient forment un nouveau signe en unissant leurs deux tatouages. À cette occasion, les époux revêtent un costume de marié subaquatique, et la – brève – cérémonie se déroule sous l’eau tandis que les invités scandent une incantation qui célèbre le tatouage unissant les deux amoureux.

Il est possible de divorcer et de se remarier, mais un seul remariage est autorisé. Le tatouage se fait alors sur le poignet droit. Si quelqu’un vient à se remarier une troisième fois, il est exilé sur Ratinatar, l’île aux reptiles. Personne ne sait si cette île est effectivement déserte ou si des humains ayant réussi à échapper aux reptiles sont parvenus à y recréer une société.

Une exécution publique
Gravure extraite de Voyage à Zibalbul par Francis Granier. Les exécutions publiques ont été abolies par le dernier roi de Zibalbul, Boumiol V. Les condamnés sont aujourd’hui déposés sur Ratinatar depuis des aérostats.

C’est un fait curieux que les exécutions publiques à Zibalbul rassemblent une large partie de la population. On y vient en famille en apportant fruits et boissons, et les enfants sont encouragés dès leur plus jeune âge à assister au spectacle.
Les condamnés sont placés au milieu d’un bâtiment sacré. Cet édifice rectangulaire n’a que deux murs opposés sous un toit monumental. Trois juges en costume de cérémonie sont suspendus au plafond par des trapèzes. À l’heure dite, ils appellent l’exécuteur en agitant une feuille métallique, ce qui fait un bruit semblable à celui du tonnerre, produisant une forte impression sur l’assistance. Pour qui n’a jamais eu l’occasion d’assister à cette cérémonie, l’arrivée de l’exécuteur est une surprise totale. En effet, c’est à un reptile géant que les Zibalbes laissent le soin de mettre à mort les malheureux condamnés. Cet animal, que les indigènes nomment puway, présente des similitudes avec le dragon de Komodo et le crocodile. Les juges l’excitent en agitant leur feuille métallique, et le monstre ne tarde pas à dévorer les suppliciés. C’est par ce type de cérémonie que les habitants du pays entendent parfaire l’éducation morale des enfants.

(Extrait de Voyage à Zibalbul, de Francis Granier (1871))

Les anthropophages reptiles
Cette vue d’artiste n’est pas éloignée de la réalité, si l’on en croit les observations de l’explorateur Francis Granier.

Le saumon familial doit aussi avoir son tatouage, réalisé à l’encre de seiche lors d’une cérémonie dont les modalités et la périodicité sont encore mal connues. La but de ce tatouage est de reconnaître facilement chaque poisson pour éviter les fraudes lors des votes.

Tatouages du nord
Ces tatouages ancestraux se trouvent majoritairement dans le nord de l’archipel. L’ethnologue Kaspar Strauss a pu établir que certains de ces symboles étaient à l’origine des représentations d’outils comme la fronde ou le harpon, mais aussi d’animaux comme le crabe ou le ver des sables.
Tatouages du sud
La plupart de ces tatouages se retrouvent au poignet d’enfants vivant dans la partie sud de l’archipel, et seraient des créations relativement récentes (moins d’une centaine d’années). Il est intéressant de noter qu’on y retrouve des artefacts d’origine occidentale comme la tente canadienne, apportée par les premiers explorateurs.
La formation des tatouages nuptiaux
Quelques exemples de tatouages composés portés par les époux. Chaque motif final est la résultante de deux motifs simples. On voit qu’il existe une grande variété d’associations possibles. Pour faire en sorte que les motifs ne se complexifient pas au fil des générations, un enfant doit choisir entre les deux tatouages d’origine de ses parents. On a pu rapprocher ce phénomène de la mitose, au cours de laquelle nos cellules reproductrices abandonnent la moitié de leurs chromosomes.